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Le château de Turenne Collection Jean Fioroni |
La vicomté de Turenne en 1738 89 communes actuelles : 59 en Corrèze, 30 dans le Lot Carte par jean Fioroni, oct. 2015 - Original : 100x69 cm Répartition tirée de la carte De Gilles Quincy - Gérard Mazeitrat - Robert Merceron Pas de zoom pour le moment |
Le château de Turenne 19/06/20 - Photo Jean Fioroni |
La Vicomté de Turenne. La situation topographique privilégiée et la configuration du relief, qui font de la butte de Turenne un site défensif quasi imprenable, expliquent en partie la fondation de la cité. A 320 m d'altitude, la plate-forme sommitale longue de 260 m sur 60 m de large, est délimitée par une falaise calcaire formant l'enceinte naturelle de la forteresse. Cette butte isolée, surmontée de ruines altières domine de plus de 160 m la vallée de la Tourmente. Verrou de l'Aquitaine La vicomté de Turenne, butte imprenable. La vicomté se trouve donc aux marges de quatre provinces, le Limousin et le Quercy, l'Auvergne et le Périgord, et malgré la faible taille de leur domaine, les vicomtes jouent un rôle décisif dans les conflits qui déchirent l'Aquitaine. Capitale de la Vicomté, Turenne surveille un vaste territoire qui s'étend vers l'est jusqu'aux monts d'Auvergne. Au sud, la vieille route des marchands et des pèlerins, qui traverse la forêt, n'échappe pas aux regards des sentinelles qui guettent du haut de la Tour César. C'est la route de Paris à Toulouse, qui passe par Nazareth à quelques kilomètres et l'Hôpital St Jean, utilisé jusqu'au XVII ème siècle. La Vicomté contrôle aussi la vallée de la Dordogne depuis le Haut Limousin jusqu'au Périgord dans la traverse du Quercy. C'est un axe de circulation de l'Aquitaine à l'Auvergne. |
Turenne, grand nom de l'aristocratie française. Il y a un site castrai à Turenne avant l'an mil et donc des seigneurs : les Rodulphiens, venus du Quercy. Ensuite, vers l'an 1000 apparut la lignée des Comborn - Turenne . Ils fondent une dynastie de Vicomtes qui se maintient à Turenne jusqu'au début du Même siècle. Au même siècle, Raymond II acquiert des terres en Quercy au delà de la Dordogne. La Vicomté compte alors sept villes et une centaine de paroisses. Après les Comborn, vinrent les Comminges au même siècle, puis les Roger de Beaufort durant la guerre de cent ans. Parents de deux Papes d'Avignon, Clement VI et Gregoire XI, ils mettent la vicomté sous leur protection. Les seigneurs de la Tour d'Auvergne leur succèdent de 1444 à 1738. D'Henry ler de la Tour est né le célèbre Maréchal de Turenne, fils cadet inhumé aux Invalides (1611-1675). |
Les grandes heures de Turenne. Les périls de la guerre Franco-Anglaise. A deux reprises, au Xllème siècle et au XlVême siècle, l'Aquitaine sert d'enjeu et de champ de bataille aux rois. La vicomté, achetée en 1350 par Guillaume Roger de Beaufort, neveu du pape, reste dans sa famille durant une centaine d'années. Grâce à leur prestigieux protecteur; les Roger réussissent à conserver leur domaine et à le protéger d'un désastre total, malgré la peste, la famine et les ravages des hommes de guerre. Le donjon carré, appelé Tour du Trésor, restaurée peu après 1350, incarne, à lui seul, la prospérité de son puissant maître. L'âge d'or de la Renaissance. De 1450 à 1550, la vicomté se relève de ses ruines, sous le règne bienfaisant des seigneurs de La Tour, venus d'Auvergne. Ils résident dans leur château de Montvalent sur la Dordogne, mais viennent souvent à Turenne pour régler leurs affaires ou chasser. Le bourg se peuple d'artisans, la noblesse ruinée se retire dans ses repaires campagnards et les gros bourgeois dont les fils sont notaires, prêtres ou marchands, se font construire des hôtel spacieux, dotés de tours-escaliers. Venue d'une de ces tours ou d'une chapelle du château, la belle porte de la Maison des Chanoines, évoque ces temps de paix et de prospérité où les vicomtes, devenus chambellans et ambassadeurs du Roi, commençaient à fréquenter sa cour. Turenne place forte des protestants. Gagnés par les idées de la réforme, les viscomtins accueillent avec sympathie leur jeune vicomte, Henri de La Tour, fuyant en 1575 la cour de Catherine de Médicis. Converti deux ans après, il devient le lieutenant du futur Henri IV et transforme la vicomté en bastion du protestantisme. Marié à l'héritière de Sedan et Bouillon, en récompense de ses services, il obtient après l'Edit de Nantes, que Turenne reste une 'place de mariage', refuge pour les protestants. Durant une centaine d'années, le bourg de Turenne fut donc peuplé d'artisans et de marchands protestants. Ils ont contribué à donner à ses grosses maisons grises un air de rigueur et d'austérité. Le maréchal de Turenne, fils cadet du vicomte et protestant convaincu, symbolise encore aux yeux de tous, la gloire de cette vieille forteresse encore menaçante. Reconstruction de l'église catholique. Sous le règne de Louis XIV, les vicomtes, frondeurs, et peu conformistes, sont en semi disgrâce. Malgré leur retour au catholicisme, ils ne se décident que vers 1660 à reconstruire l'église de Turenne, ruinée depuis longtemps. C'est donc une énorme collégiale baptisée 'Notre Dame de Saint Pantaléon' qui sort de terre, à l'écart du bourg. Son superbe retable, dû aux frères Tournier de Gourdon, installé en 1678, contraste par ses dorures avec la nudité presque monacale des murs. Il a pour mission de rappeler aux nouveaux convertis, non seulement les souffrances du Christ, mais aussi la gloire de l'Eglise catholique. Les Capucins, installés dès 1654, font édifier leur chapelle vers 1680 à côté de leur couvent, près de la porte de Mauriolles. L'église et la chapelle, dans leur superbe isolement, semblent étrangères à l'animation du bourg centrée sur la halle maintenant disparue. La vente de la vicomté La révocation de l'Edit de Nantes chasse les artisans protestants, et les vicomtes, devenus courtisans, dilapident leur fortune à Versailles. Les viscomtins s'agitent, excédés par l'accroissement des subsides exigés. En 1738, criblé de dettes, le vicomte vend son domaine au Roi. Racheté par la famille de Noailles, il perd ses privilèges et Turenne n'est plus qu'une coquille vide, où les officiers du vicomte ont perdu leur emploi. Le château est démantelé, beaucoup de maisons tombent en ruine. |
Les privilèges de la vicomté. De l'ascendant que lui donne sa positon géographique, la vicomté tire de substantiels avantages. Ces privilèges furent accordés par les rois d'Angleterre et de France. Le vicomte lève des troupes, bat monnaie, anoblit ses fidèles serviteurs, et ne dépend que du Roi. Ses sujets ne paient pas l'impôt du roi, ne logent pas ses soldats, et s'assemblent chaque années pour voter des subsides à leur vicomte. Jusqu'au rachat du domaine par le roi Louis XV en 1738 la vicomté était ce que l'on appelle aujourd'hui un paradis fiscal, pratiquement autonome de l'autorité des Rois de France, possédant même le droit de réunir des États. Ces libertés suscitent l'envie de leurs voisins et le dépit des fonctionnaires royaux. Ne dit-on pas 'fier comme un viscomtin' ? La Tour César, seul vestige du XIII ême siècle, témoigne de ces temps féodaux où les vicomtes allaient aux croisades, et combattaient avec leurs voisins. Des 'nobles, scindics, bourgeois manans et habitants, populaire, de nostre chasteau, ville et paroisse de Turenne'» En 1272, Raymond VI de Turenne accorde aux habitants de sa ville de Turenne des privilèges, franchises et libertés. Entre autres 'ils ne paieront aucun péage, ni de pontonage, en la Vicomté. Ils pourront faire, en leurs fiefs, moulins, fours, colombiers et clapiers. Ils pourront aussi chacun tenir des livres tournois de rentes en assiette, en [nous] faisant hommage. Ils pourront tenir marché les mercredys et sapmedys, en la septmaine, en ladite ville de Turenne et tenir foire, le jour de Saint Pantaléon'. Ces privilèges sont confirmés par Guillaume Roger de Beaufort en 1356, peu de temps après qu'il ait acheté la Vicomté. Puis, le 18 janvier 1543, par François III de la Tour, pour 'la bonne amour' qu'il porte aux habitants. En 1649, le sieur Andrieu, qui s'occupe du domaine du Vicomte, rapporte que 'les habitants de Turenne disent avoir la faculté de bâtir moulins, fours, pressoirs, piegeoniers et clapiers par d'anciens privilèges.' mais, dans la copie de ces privilèges, faite en 1644, le mot 'moulin' s'est trouvé effacé. Le Vicomte regrettait-il sa générosité ? Effacée ou pas, la faculté de construire des moulins et des pigeonniers, a été largement utilisée par les habitants de Turenne, puisqu'au XVIIe siècle, on compte, toujours selon Andrieu, 15 moulins dans la paroisse de Turenne. Et sur les 15 moulins, 'Monseigneur (le Vicomte) en a un, qui coûte certainement beaucoup plus à réparer qu'il ne porte de revenu'. En effet, quantité ne veut pas dire qualité La Tourmente et ses affluents ne sont que des ruisseaux, et 'il y a un grand nombre de moulins, qui sont inutiles, la plupart du temps, faute d'eau. Les habitants doivent aller moudre tout l'été à Brive, ou autres lieux éloignés'. |
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